dimanche 27 décembre 2009

Chapitre 1 : L'INVITATION (suite 1)


Il fut l’heure du soupé, Souliane, sa femme et ses filles avaient répondus à l’invitation. Le principal sujet de conversation de cette soirée fut l’invitation au dîner royal. Mme Ashimine l’annonça déglutinant de plaisir à son frère, qui très déçu de ne pas être invité à son tour,  lui fendit un sourire de façade. Seule la famille de Mr Ashimine pouvait être invitée, cependant, ils décidèrent en commun d’inviter sa fille aînée Marissa, une jeune fille timide et réservée qui vouait une amitié sans borne à sa cousine Eva. Souliane accepta résigné tant elles le supplièrent. Eva était très contente, pensant feindre un malaise durant le dîner royal, sa cousine allait désormais l’accompagner, ainsi, c’est ensemble qu’elles supporteront cette longue soirée. De plus, l’absence d’un membre de la famille aurait été considérée comme un affront vis à vis de la Cour, toute la famille devait répondre présent.

Dix jours avant le dîner royal, Mme Ashimine et ses trois filles avaient proclamées qu’elles seraient les plus belles femmes de la soirée; et qu’au moins une d’entre elle allait repartir la bague au doigt, une bague en or massif, sertie de diamants rares et coûteux.
En effet, ses grandes cérémonies officielles, étaient des occasions fatidiques pour ses jeunes filles de Maroubila. Tout en respectant la bienséance, elles rencontraient des maris potentiels des quatre coins du pays. Les mères, les tantes, les sœurs et les cousines en guise de guide matrimonial, rien ne leurs échappaient. Elles connaissaient tout ce qu’il fallait savoir, la famille, la richesse, le patrimoine, la réputation de chaque prétendant. C’était ensuite que la tache se compliquait : entrer en action et faire en sorte que la  cible choisisse « la » jeune fille, car seul l’homme pouvait décider de la femme qu’il épouserait. Cela ne démotivait pas ces entremetteuses expérimentées, bien au contraire. Avec biens des stratagèmes, elles faisaient tout pour influencer dans le choix de la future épouse sans que personne ne s’en rende compte. Ces femmes suivaient les codes « des rencontres matrimoniales » comme leurs mères, leurs grand-mères et même leurs arrière grand-mères faisaient. Tel un dont qui se transmettait de mère en fille, dont seule les plus aguerries d’entres elles connaissaient parfaitement les règles de ce qui n’était en fait qu'un jeu complexe et divertissant.

Dans une ville telle que Maroubila, avoir quatre filles était un lourd tribu à porter pour une famille, le mariage avec un bon parti était une façon de se libérer de ce fardeau. Ainsi Mme Ashimine avait décidé de passer à la vitesse supérieure et de présenter ses filles à ce beau monde. Surtout après les mariages de ses trois nièces l’an passé, désormais le tour de ses filles étaient arrivées. Mme Ashimine allait lancer son filet le plus loin possible à l’appât du poisson idéal pour ses précieuses mais néanmoins filles.

Eva se sentait distraite ses jours ci, elle était pensive et peu bavarde, en fait Eva se souciait de son avenir, elle pensait au mariage. Serait-ce la seule issue pour être heureuse et satisfaire les siens ? Et si c’était le cas, trouverait elle un homme qui saurait l’aimer ? Aurait elle la chance de le choisir ? Où devait-elle se marier juste pour avoir le statut de « mariée » ? Des questions auxquelles elle pensait de plus en plus. Chez elle ce sujet était récurent, on ne parlait que de cela, ses sœurs ne rêvaient que d’alliances et de cérémonies mielleuses. Comme si elles étaient destinées et créées pour se marier. Comment ne pas penser à cela dans ce cas, qui plus est, en matière de connaissances masculines, Eva étaient très limitées, elle ne pouvait se résoudre à épouser un Pierre ou Paul juste pour satisfaire les siens. De nombreuses questions se bousculèrent dans sa tête tandis qu’elle s’adonnait à la couture de son gilet en laine bleu foncé, dont plusieurs boutons étaient tombés la veille, durant sa promenade matinale à la forêt voisine.
On frappa soudain à la porte, le temps de prier d’entrer la personne, qu’elle aperçut la silhouette imposante de son frère Altair, qui la fixait le sourire malicieux accrochait aux lèvres:
-          Bonsoir chère sœur ! Tu ne dors pas ?
-          Non, pour ta gouverne, il n’est que 19H30, tu as perdu la notion du temps ? où est-ce tout ce temps que tu passes chez les Herat? Répliqua Eva.
-          Vois-tu j’ai souvent tendance à ne pas voir le temps passer, par exemple je ne puis me résigner à savoir que tu as déjà 18 ans! Que le temps passe vite… je me souviens de toi avec tes couettes, toujours à bouder…
-          Je t’en prie, le coupa t’elle, épargne moi les détails de tes souvenirs d’enfance, je me souviens parfaitement de tout ça merci ! dit-elle agaçait.
-          Très bien, très bien… on dirait qu’il y en a une qui est une mauvaise humeur ! sache que tu étais beaucoup plus accueillante il y a dix ans, maintenant tu es si sérieuse. Tu devrais changer un peu où tu deviendras cynique et aigrie plus vite que tu ne le crois. Tu ne veux pas que l’on te compare avec tante Myriam, la pauvre, seul son chat daigne encore lui rester fidèle et encore pour ne pas mourir de faim ! lui lança t-il en farfouillant sur le bureau.
-          Ne t’inquiète pas pour moi ! Dit elle cinglante.
Altair observa sa sœur pendant un instant, ses yeux se posèrent ensuite sur une petite feuille de papier pliée en quatre. Il prit le papier chiffonné sur le bureau en bois d’olivier, des motifs orientaux de fleurs de jasmin et des losanges dorés ornaient le meuble de valeur, il avait appartenu à sa grand-mère. Eva ne le regardait pas, elle était assise sur son lit un livre à la main, en guise de marque page, elle tenait avec son doigt la page où elle s’était arrêtée. Altair déplia le papier, les yeux écarquillés il ferma la porte de la chambre à clef et s’approcha d’Eva.
-          C’est quoi ça ? lui demanda doucement son frère interloqué, son visage s’était détendu, il souriait.
Eva leva son visage parfait et se figea.
-          Ce n’est rien ! rend moi ça ! Elle se leva brusquement et tenta de reprendre le papier.
-          « J’ai tout essayé, je n’arrive pas à l’oublier… » Altair avait lut ses quelques mots griffonnées il y a longtemps par Eva alors qu’elle s’ennuyait. Celle-ci était affreusement mal alaise, son cœur battait à tout rompre, tandis qu’elle essayait désespérément de détruire les preuves.
-          Altair tu n’as pas le droit ! arrête ça tout de suite, rend l’a moi! dit elle tout en essayant d’attraper la feuille, Altair avait levé son bras en l’air afin que sa sœur ne puisse l’attraper. Eva était folle de rage, il l’a dépassait de deux têtes tout au plus et s’amusait avec ses nerfs, ce qui l’a poussa à bout.
Les joues d’Eva avait viré au rouge, elle savait exactement à quoi faisait référence les mots qu’avait récité son frère à voix haute. Il n’allait pas laisser passer cette occasion d’en savoir plus sur elle. Eva se sentie gênée et idiote, mais elle n’allait pas abandonner, Altair  n’avait qu’à s’occuper de ses affaires et de celles des Herat en même temps !
-          Altair rend moi cette feuille tout de suite ! tu n’as pas le droit de fouiller dans mes affaires, je t’ordonne de me rendre ce fichu bout de papier ! Hurla Eva tellement fort que son frère se raidit, cette fois, elle était furieuse, elle n’avait pu se contenir, jamais elle n’avait parlait ainsi à son frère.
-          Calme toi Eva ! je veux juste que tu me dises qui est cet homme dont tu parles avec tant d’amertume? je ne savais pas que tu avais eu le cœur brisé ? J’espère que ce n’est pas la personne à laquelle je pense… son frère la regardait à présent avec insistance, il voulait la confronter, savoir s’il s’agissait bien de cet homme à qui il songeait avec dégoût. Il serra les poings, chiffonna la feuille en boule et la jeta à terre. Eva avait désormais virée au pourpre, ses joues en feu, elle baissa les yeux, résignée.
-          Altair je te hais ! son frère la fixa, tandis que ses larmes au bord des yeux la piquaient.
-          Je n’arrive pas à le croire ! comment peux tu ? tu es encore…
La poignée de la porte grinça, soudain une voix se fit entendre

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