jeudi 31 décembre 2009

Chapitre 1 : L'INVITATION (suite 3)

Eva se tut un instant les yeux fixés sur ses mains moites. Elle ne croyait pas un mot de ce qu’elle venait de dire. Elle se mordit la lèvre inférieure, le visage figé par cette nouvelle inattendue. Eva aurait tout donné pour se retrouver seule à cet instant. Elle allait craquer d’un moment à un autre. Malheureusement Altair n’en avait pas fini, les yeux rivés sur sa sœur, il avait mal pour elle et détester la voir ainsi.

- Eva… je suis désolé. Bien que Anis ait mal agit, il était mon ami et je peux t’affirmer que l’amour n’a rien à voir dans tout ça. Il n’avait jamais remarqué Sirheen auparavant et puis ils se sont rencontrés chez les Herat. Décidément cette famille ne lui apportait rien de bon. Et puis elle est tombée follement amoureuse et à jurer les grands dieux qu’elle n’épouserait que Anis. Sa Majesté en personne a donné sa bénédiction à cette union. Il ne savait pas où il mettait les pieds, maintenant il s’est résigné à se marier avec la nièce de notre souverain et ne peut plus faire machine arrière.
- Peu importe désormais. Merci de m’avoir prévenu, maintenant peux tu me laisser, il faut que je finisse de coudre mon gilet. Eva cherchait à couper court à cette conversation déplaisante. Elle ne pouvait plus retenir ses larmes, cependant elle se devait de faire bonne figure devant son frère et le raccompagna à la porte.

Celui-ci n’avait pas bronché, il n’avait jamais abordé ce sujet avec sa sœur depuis que Anis avait annoncé qu’il rompait ses fiançailles avec Eva. Il se retira discrètement laissant à contre cœur sa sœur faire face à ses démons.
Eva était anéantie, Anis et elle se connaissaient depuis l’enfance, ils avaient grandi ensemble jusqu'à ce qu’elle fut en age de se marier. Tous deux étaient liés depuis le berceau, Anis ne passait pas une journée sans voir Eva, la femme qu’il désirait depuis toujours. Depuis des mois qu’ils ne s’étaient pas croisés, il était facile pour Eva de se remémorer exactement tous les détails de son visage ; ses traits fin et raffinés, sa peau claire et laiteuse, sans imperfections apparentes. Une beauté basanée renversante, ses yeux vert-jaune étaient uniques en son genre, pénétrant et insistant lorsqu’il posait les yeux sur elle. Il ne lui restait que des souvenirs maintenant, Anis allait se marier avec Sihreen, la fille de Aquil, un homme qui ne reculait devant rien. Anis allait se marier avec une autre et cette idée la rendait malade, la nausée lui monta soudain à la gorge.

Tout le monde connaissait bien l’unique frère du souverain, Aquil un homme cruel et mesquin. Il collectionnait les maîtresses à la pelle et cela aux yeux de tous. Sa femme était morte à la naissance de leur fille Sirheen. Six mois plus tard il se remaria, mais telle une malédiction, celle-ci mourut un an après des suites d’une crise cardiaque. Ainsi, il ne lui restait que sa fille, son bijou l’appelait-il, à qui il ne refusait jamais rien. Sirheen était donc une fille immanquablement riche et gâtée. Se marier avec Anis, fils de commerçant, était pour elle l’ultime caprice.

Sirheen était une jeune fille de 18 ans, le visage rond, de grands yeux noisette, elle était charmante. Mais pas assez jolie pour qu’une horde de prétendants se bousculent au portillon, elle avait reçu plusieurs demandes, justifiées simplement par son appartenance au sang royal. Eva et Sirheen s’étaient rencontrées à plusieurs reprises chez les Herat, une famille dont elle était proche, puisque Sinar le fils aîné des quatre frères Herat avait épousé sa cousine Zina. Les Herat comme les Habiri étaient des familles immensément riches, d’un coté une famille de marchands d’armes et de l’autre la famille royale.

Sihreen n’avait jamais porté aucune attention particulière envers Eva, la saluant selon ses humeurs, elle ne considérait Eva que dans la mesure où elle était la sœur de Altair. Un bon ami de Anis qui avait repoussé à plusieurs reprises ses avances désespérées. Altair savait qu’il ne fallait pas s’approcher de la famille royale, qui plus est s’unir avec la fille de l’homme le plus redouté de Maroubila, Aquil Habiri.

Lorsque la porte fut close, Eva éclata en sanglot sans même s’en rendre compte. Ses larmes coulaient le long de ses joues, son drap recouvrait tout son corps. Elle était à présent anéantie, ayant perdu l’homme qu’elle aimait. Cette nuit fut la plus longue de son existence, elle n’avait fermé l’œil que trois heures durant lesquelles des cauchemars la hantaient. Elle marchait le long d’un pont non loin de la forêt, il faisait nuit, l’obscurité dominée l’environnement. Une lumière blanche et scintillante l’éblouit, attiré par cette lueur chatoyante elle s’en approcha à vive allure. Surgit de nulle part, derrière elle, Anis l’a retenue par le bras, « Eva je t’en prie ne fait pas ça ! » « Sauve toi !» Trop tard, sortit de la puissante lumière, une femme au visage magnifique le plaqua au sol et le poignarda sauvagement. Eva hurlait, pleurait, mais elle ne pouvait rien faire, cette femme, l’enveloppa subitement dans son manteau de lumière et s’enfuit.

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